Les français et la citoyenneté
Sondage
Le Cnesco et la Casden Banque Populaire ont réalisé un sondage (octobre 2015), administré par l’institut BVA, pour mieux connaître les opinions des Français sur l’apprentissage de la citoyenneté.
Ce que les français pensent de l'éducation à la citoyenneté
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Les Français considèrent que l’apprentissage de la citoyenneté se fait principalement dans la famille mais désormais aussi à l’école.
- Très peu de Français, et même de jeunes, considèrent que les jeunes ont suffisamment connaissance de leur rôle de citoyen.
- Les Français plébiscitent à la fois le cours d’éducation civique classique et de nouvelles pratiques pédagogiques, plus actives, telles que l’organisation de débats civiques et la participation à la vie collective et à l’organisation de la classe.
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Des thématiques nouvelles, témoignant d’une vision renouvelée de la citoyenneté, sont plébiscitées par les Français : égalité filles/garçons, lutte contre les discriminations, principes de laïcité, …
Une vision renouvelée de la citoyenneté
Une vision multidimensionnelle et moderne de la citoyenneté qui intègre non seulement les valeurs traditionnelles civiques (« respecter la loi », « participer à la vie politique ») mais aussi des dimensions valorisées plus récemment dans la France contemporaine (« lutter contre les discriminations », « être solidaire avec les plus démunis »).
La question des représentations de ce qu’est un citoyen a suscité une adhésion massive aux définitions proposées dans le sondage. Ce sondage révèle une vision large des différentes facettes de la citoyenneté puisque plus de 80 % des Français répondent qu’ils sont « tout à fait d’accord » ou « plutôt d’accord » avec le fait qu’« être citoyen » c’est aussi bien « respecter la loi », « défendre le droit de l’éducation pour tous », « participer à la vie politique » et « lutter contre les discriminations ».
On remarque également un attachement prononcé au respect de la loi qui est une valeur traditionnelle, puisque 72 % des sondés sont « tout à fait d’accord » pour dire que « être citoyen » c’est « respecter la loi » alors qu’ils ne sont que 20 % à être « tout à fait d’accord » pour mettre l’accent sur « la participation à la vie associative » ou 26 % à « être solidaire avec les plus démunis ». Cela suggère que les personnes interrogées sont davantage dans l’obéissance et l’acceptation des règles plutôt qu’en capacité de modifier ces règles ou d’y participer.
Les Français considèrent que les jeunes méconnaissent leur rôle en tant que citoyens
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Un consensus transgénérationnel autour du manque de connaissances des jeunes de leur rôle en tant que citoyens.
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Un paradoxe dans un pays qui consacre des moyens budgétaires importants à l’éducation civique à l’école.
Près de 9 Français sur 10 estiment que les jeunes n’ont pas suffisamment connaissance de leur rôle en tant que citoyens.
Un jugement qui n’exclut pas les jeunes eux-mêmes puisqu’ils sont en effet à peine plus de 15 % à considérer que les jeunes connaissent leur rôle en tant que citoyens. Une rupture apparaît pour les plus de 65 ans qui sont deux fois moins que la moyenne à répondre « oui » à cette assertion.
Ces réponses apparaissent paradoxales dans un pays qui valorise fortement l’éducation civique. En effet, depuis 1990, en France, contrairement à d’autres pays de l’OCDE, les programmes et instructions scolaires mobilisent les trois principales dimensions sur lesquelles peut s’appuyer une éducation à la citoyenneté : des cours d’éducation civique, une participation des élèves aux instances de gouvernance des établissements dans le secondaire, des projets d’action éducative visant à ouvrir les jeunes à des actions de responsabilisation citoyenne dans et hors de l’école.
Ce jugement négatif exprimé par les répondants à ce sondage sur la connaissance qu’ont les jeunes de leur rôle en tant que citoyens peut cependant s’expliquer par le fait qu’au-delà de cet important investissement éducatif théorique dans l’enseignement civique, l’apprentissage de la citoyenneté en France révèle de nombreuses lacunes.
Les rapports des inspections générales de l’Éducation nationale, notamment en 2011, et le rapport de la Mission sur l’enseignement de la morale laïque de 2013 ont montré que ces heures d’enseignement ne sont pas toujours dispensées dans leur totalité, étant intégrées, le plus souvent, à celles d’histoire-géographie.
Par ailleurs, le rapport de la Mission sur l’enseignement de la morale laïque de 2013 dresse également un constat sévère des engagements citoyens des jeunes, souvent de façade seulement, dans leurs établissements.
Ainsi, le Cnesco estime que l’apprentissage des valeurs citoyennes de la République apparaît souvent hors-sol et désincarné. Les projets citoyens d’établissement cohérents sur le long terme, s’ils existent parfois, demeurent peu nombreux. C’est souvent dans le cadre de crises (violences, incivilités dans l’établissement, grand débat national, …) que les équipes éducatives se mobilisent.
Être citoyen s’apprend au sein de la famille mais aussi à l’école
La famille et l’école apparaissent comme les acteurs majeurs de l’apprentissage de la citoyenneté. À l’opposé, les Français reconnaissent peu cette fonction aux associations et aux médias.
Si la famille, lieu de transmission historique de valeurs, demeure encore largement plébiscitée (par 65 % des Français en premier choix), l’école s’impose aussi comme un cadre où doit se développer l’éducation à la citoyenneté.
Ce jugement apparaît différencié selon l’âge des sondés. En effet, plus les répondant sont jeunes, plus ils soutiennent l’idée de la responsabilité de l’école dans l’éducation à la citoyenneté. Ainsi, près de la moitié des 18-24 ans (46 %) considèrent que le cadre privilégié de l’apprentissage de la citoyenneté est l’école alors que les 65 ans et plus sont 74 % à penser qu’il relève d’abord de la famille.
Les thématiques de l’éducation civique privilégiées par les Français relèvent autant des valeurs que de la connaissance des institutions
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L’adhésion à des thématiques nombreuses et variées, comme « les droits de l’Homme et de l’enfant », « l’égalité filles/garçons », « les principes de la laïcité », « la lutte contre les discriminations » est à l’image d’une vision renouvelée de la citoyenneté.
- Les thématiques classiques de l’éducation civique à la française (« les institutions politiques, juridiques en France », « la création et le fonctionnement de l’Europe ») ne sont pas les plus plébiscitées ; les Français mettent davantage l’accent sur l’apprentissage des valeurs que sur celui des institutions politiques et juridiques.
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Un grand oublié par les répondants, malgré son actualité : l’éducation aux réseaux sociaux.
À l’instar d’une vision renouvelée de la citoyenneté, les Français adhèrent à l’inclusion, dans les enseignements d’éducation civique, d’un large champ de thématiques civiques, politiques, institutionnelles et sociales. Si la connaissance des institutions politiques, juridiques et sociales françaises et européennes est bien citée comme relevant de la formation des citoyens, ces thématiques traditionnelles des programmes d’éducation civique sont moins plébiscitées que les thématiques sociales ou qui mobilisent fortement un registre en termes de valeurs comme les celles sur les droits de l’Homme et de l’enfant, l’égalité filles-garçons ou encore la lutte contre les discriminations ou la laïcité.
Les répondants semblent attachés à l’enseignement de valeurs, en complément de l’enseignement classique portant sur le fonctionnement des institutions politiques et juridiques nationales et européennes, longtemps au cœur des programmes scolaires.
Par ailleurs, malgré l’actualité, l’enseignement relatif à l’usage des médias et à l’utilisation des réseaux sociaux suscite un intérêt limité. Enfin, on remarque une défiance persistante par rapport à une analyse de la vie politique partisane qui renoue avec une tendance historique.
Il y a assez peu de différences suivant les caractéristiques individuelles des répondants. On peut toutefois noter que les femmes plus que les hommes ont tendance à trouver importants les items liés à l’égalité (« droits de l’Homme et de l’enfant », « égalité filles/garçons », « lutte contre les discriminations »), et que les moins de 25 ans pensent, plus souvent que les répondants plus âgés, qu’un enseignement sur « l’utilisation des réseaux sociaux » est important ou très important.
Les Français adhèrent à de nouvelles pédagogies plus actives dans le champ de l’éducation à la citoyenneté
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Les Français montrent une forte adhésion au « cours d’éducation civique » ainsi qu’à de nouvelles modalités d’apprentissage de la citoyenneté à travers des pédagogies plus actives (« la participation des élèves à la vie collective et à l’organisation de la classe », « l’organisation de débats civiques en classe » et « la réalisation de projets solidaires, environnementaux »).
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La recherche montre qu’un cours associé à des pédagogies actives et des débats sont les modalités les plus efficaces en termes de socialisation civique et politique (vote, croyance dans les institutions, …).
« Le cours d’éducation civique », modalité classique d’enseignement, est toujours largement plébiscité par les Français (93 %), tout comme « l’étude des textes fondateurs » (86 %). Cependant, aux côtés de ces modalités traditionnelles d’enseignement, des pédagogies actives sont valorisées : « la participation des élèves à la vie collective et à l’organisation de la classe » (93 %), « l’organisation de débats civiques en classe » (88 %) et « la réalisation de projets solidaires, environnementaux » (85 %).
Cette adhésion à des pédagogies plus actives dans le champ de la citoyenneté est à mettre en lien avec les résultats d’un champ de recherche fécond et solide (Bozec pour le Cnesco, 2016), développé depuis une vingtaine d’années notamment dans les pays anglo-saxons, qui a révélé leur efficacité pour la socialisation politique des jeunes citoyens. Les études menées montrent, en effet, que c’est la possibilité accordée aux jeunes de débattre en classe sur des enjeux politiques et sociaux qui a un impact très positif sur leur participation à des projets et à des débats citoyens.
Dès janvier 2015, le Cnesco avait insisté sur la nécessité de développer ces nouvelles modalités pédagogiques qui rendent l’élève plus actif dans son apprentissage de la citoyenneté. Ces nouvelles dimensions de l’enseignement civique sont renforcées dans les nouveaux programmes de l’éducation morale et civique (EMC), qui ont été mis en place dans toutes les classes de l’école élémentaire jusqu’au lycée depuis la rentrée 2015.
Par ailleurs, l’enseignement moral et civique est largement connu par le grand public, puisque 62 % des sondés disent qu’ils « savent précisément de quoi il s’agit », tout comme « la participation des élèves à la vie de l’école » (75 %) et plus encore « l’organisation d’élections de délégués de classe » (90 %). En revanche, « les débats en classe autour de thématiques d’actualité » (43 %), « le Conseil des délégués pour la Vie Lycéenne (CVL) » (27 %), et « les projets citoyens ou solidaires hors de l’école » (18 %) bénéficient d’une plus faible connaissance auprès des Français.