État des lieux en France


Les indicateurs du décrochage scolaire

Des indicateurs multiples mais qui traduisent tous une baisse du décrochage scolaire

En 2016, environ 450 000 jeunes, entre 18 et 24 ans ne sont pas diplômés ou ont au plus le diplôme national du brevet et n’ont pas suivi de formation au cours de quatre dernières semaines, soit une baisse d’environ 100 000 jeunes par rapport à 2006. Les indicateurs du décrochage scolaire sont multiples. Certains organismes s’attachent à suivre les jeunes qui ne sont pas en emploi tel que l’OCDE avec le suivi des NEETs (jeunes non scolarisés, ni en emploi, ni en formation) tandis que d’autres vont s’intéresser au niveau de diplôme des sortants annuels comme la Depp ou encore EUROSTAT qui ne tient pas compte de la situation des jeunes par rapport à l’emploi.

 

Les indicateurs nationaux

Le taux de sortants sans diplôme, Depp-Insee

Le taux de sortants sans diplôme, outre celui du brevet, des jeunes de plus de 15 ans est un indicateur de flux. Il indique le nombre de jeunes ayant décrochés chaque année du système scolaire. Pour éviter les biais d’échantillonnage, il est nécessaire d’utiliser trois années consécutives d’enquêtes Emploi Insee. Ces jeunes sortants peuvent quitter le système éducatif à différents niveaux, du collège aux classes terminales des lycées.

Cet indicateur comporte un biais, celui de ne pas prendre en considération d’éventuelles reprises de formation qualifiante. Toutefois ce biais est limité par la faiblesse du nombre de reprises de formation qualifiante par les jeunes ayant décroché au secondaire.

Selon cet indicateur, la part de jeunes qui ont interrompu leurs études secondaires avant la fin de leur formation initiale est en diminution à 13 % en 2015 (soit -3 points entre 2011 et 2015). Comme l’indique la Depp, cet indicateur reste sensible aux modifications de la structure de la population scolaire.

Le taux de sortants précoces, Depp-Insee

Le taux de sortants précoces mesure, parmi les 18-24 ans, la part de ceux « qui n’ont pas suivi de formation au cours des quatre dernières semaines et ne sont pas diplômés ou au plus du diplôme national du brevet » (RERS, 2017). Il s’agit d’un indicateur de stock, sensible à la fois aux actions de prévention et de remédiation. C’est cet indicateur qui sert de base aux objectifs Europe 2020 pour EUROSTAT.

Ce taux a évolué à partir de 2013, avec la prise en compte de formations non formelles.

Cet indicateur des sortants précoces permet également de constater une diminution du décrochage scolaire, celui-ci passant de 12,8 % en 2007 sans prendre en compte les formations non formelles (11,3 % en les prenant en compte) à 8,8 % en 2016 (données RERS). La baisse de cet indicateur peut donc résulter d’une augmentation du nombre de jeunes diplômés en formation initiale ou d’efforts nationaux réalisés dans la formation continue (dispositifs d’aide à l’emploi avec formation auprès des moins diplômés).

Le taux de non-diplômés parmi les jeunes non-scolarisés, Insee

Le taux de non diplômés parmi les jeunes (15-24 ans) non-scolarisés s’appuie sur les données Insee du recensement de la population. Il considère la part des non diplômés (pas de CAP/BEP, bac ou équivalent) parmi les jeunes qui ne sont plus scolarisés pour l’année en cours, qu’ils soient ou non en emploi (Boudesseul et al., 2016).

Cet indicateur permet de constater une lente diminution du taux de jeunes ayant connu une situation de décrochage scolaire, passant de 27,2 % en 2006 à 24,7 % en 2013 (Boudesseul, Cnesco, 2017 ; données Insee).

Ils l’ont fait à l’étranger…

Dans la lignée des objectifs de Lisbonne, les Pays-Bas s’étaient donnés comme objectif de diviser par deux le nombre de jeunes décrocheurs entre 2002 et 2012. La politique mise en place a consisté à d’abord standardiser les données concernant les élèves par l’utilisation d’un identifiant national, le Basis Register Onderwijs Nummer (BRON) afin d’identifier les ruptures de scolarité. La politique est menée au niveau régional, où se définissent les mesures de prévention et d’intervention, avec une dimension partenariale importante. Les données sont publiées sur Internet (http://www.aanvalopschooluitval.nl/) et permettent une vision cartographique du décrochage scolaire. Le caractère public des données participe à une conception de l’action publique qui place la responsabilité des acteurs de terrain au premier plan. Avec ces informations, il est possible d’évaluer la capacité des établissements scolaires à atteindre ou non des objectifs, dans un contexte où ces établissements sont dotés d’une grande autonomie.

Les indicateurs internationaux

Le taux de sortants précoces, Eurostat : indicateur européen

Les comparaisons internationales sur le décrochage scolaire sont difficiles. En effet, il n’existe pas d’indicateur standardisé du décrochage scolaire au niveau mondial. L’Europe, définit un taux de sortants précoces à partir de la part des non-diplômés sortis de formation dans la tranche d’âge des 18-24 ans (10,7 % en moyenne en 2016) (voir tableau ci-dessous) (Bernard, 2017). Pour la France, ce taux est calculé par la Depp à partir des enquêtes Emploi de l’Insee (voir ci-dessus).

Pratiquement partout en Europe, le décrochage scolaire diminue. La France se situe en dessous de la moyenne européenne en 2007 et 2016 à 8,8 % en 2016. On constate de fortes disparités au sein de l’Union européenne. Un petit groupe de pays d’Europe centrale et orientale se caractérise depuis leur entrée dans l’UE par un faible taux de décrochage scolaire, plutôt stable depuis 2007 (Slovénie, Croatie, République tchèque, Slovaquie, Pologne, Lituanie). À l’opposé, les pays d’Europe du Sud (Portugal, Espagne, Italie, Malte) ont des taux de décrochage nettement au-dessus de la moyenne européenne, mais qui ont baissé depuis 2007.

Le taux de NEETs : indicateur OCDE

L’OCDE a choisi de construire son indicateur sur les 18-24 ans à travers le périmètre des NEETs (Not in Education, Employment or Training). Cette mesure indique la part des jeunes qui ont quitté l’école et qui ne sont ni en emploi, ni en formation.

Selon cet indicateur, la France compte 19,8 % de NEETs (jeunes entre 18 et 24 ans non scolarisés, sans emploi et sans formation) en 2016 contre 15,3 % de la moyenne de l’OCDE (OCDE, 2016).

Ils l’ont fait à l’étranger…

En Angleterre, la catégorie du décrochage scolaire est peu mobilisée par les pouvoirs publics, au profit d’une catégorisation apparue à la fin des années 1990 (Furlong, 2006) : il s’agit des NEETs (Not in Education, Employment or Training). Le périmètre est différent du décrochage puisqu’un NEET peut être diplômé, de même qu’un jeune non diplômé peut-être en emploi et n’est donc pas NEET. Cette approche trouve ses origines dans une conception de la « qualification » (au sens skill) qui a plus à voir avec l’expérience et l’apprentissage sur le tas qu’à travers des certifications scolaires.