Vigilance sur certains élèves


Une vigilance nécessaire sur certains groupes de lycéens

Si les lycéens présentent de façon générale des formes d’engagement civiques positives, certaines populations scolaires doivent attirer notre attention : les lycéens, le plus souvent issus de milieux sociaux défavorisés, ne déclarant vouloir participer aucunement à la vie de la cité sous quelle que forme que ce soit ; les filles encore en retrait par rapport aux garçons sur certaines modalités de participation et, contre intuitivement, l’élite des lycéens qui déclare d’excellents résultats scolaires mais envisage des investissements citoyens très limités à l’âge adulte.

Les profils des lycéens totalement désengagés de la vie citoyenne

4 % des lycéens répondent qu’ils ne s’engageront pas du tout à l’âge adulte. Cela signifie qu’ils n’iront pas voter, qu’ils ne feront pas de bénévolat, qu’ils n’exprimeront pas leurs opinions à travers les médias ou internet, qu’ils ne s’engageront pas en politique. Ces lycéens ne s’engageront pas non plus dans des actions revendicatives, qui pourraient marquer leur opposition au système démocratique, telles que des pétitions, manifestions et boycott. Cela représente, chaque année, environ 28 000 lycéens qui sortent du système scolaire totalement désintéressés de toute forme d’engagement citoyen (ce chiffre prend uniquement en compte les élèves préparant leur baccalauréat mais ne comptabilise pas les élèves préparant un CAP et les élèves ayant décroché du système scolaire, potentiellement touchés par ce phénomène).

Si ce chiffre global peut paraître limité, les lycéens sans souci d’engagement se concentrent dans certaines populations. Ainsi, un lycéen professionnel sur dix est totalement désintéressé par les différentes formes d’engagement citoyen. Cela concerne particulièrement les élèves déclarant avoir de mauvais résultats scolaires (11 %) mais aussi ceux déclarant avoir des résultats excellents (12 %). Les lycéens issus d’un environnement familial intermédiaire (11 %) ou  défavorisé (8 %) sont également très touchés par ce phénomène.

L’élite scolaire à distance de l’engagement citoyen

Les recherches convergent pour montrer que plus le niveau scolaire augmente, plus les élèves sont prompts à s’engager dans des activités civiques. Contre intuitivement, l’enquête du Cnesco met en évidence le cas particulier des élèves qui déclarent d’excellents résultats (7 % de la population de l’enquête).

Certes, ces élèves sont sur-représentés parmi les élèves délégués, et notamment ceux qui cumulent les mandats, ainsi que dans le tutorat mais ils se révèlent moins investis que les autres élèves dans l’ensemble des autres activités civiques développées dans ou hors de l’enceinte scolaire, notamment le bénévolat. Plus inquiétant, pour cette élite scolaire, les perspectives déclarées de participation civique s’établissent à des niveaux faibles (figure ci-dessus), similaires à ceux des élèves qui affirment présenter des résultats mauvais ou pas très bons, quelles que soient les activités envisagées (participation électorale, adhésion à un parti politique, bénévolat ou autres formes plus protestataires (signer des pétitions, boycotter des produits…).

Les fortes inégalités d’engagement citoyen entre les filles et les garçons

Engagement actuel

Dans les engagements actuels des élèves de Terminale, des différences apparaissent entre les filles et les garçons. En effet, les garçons sont plus nombreux à être délégués de classe et à se tourner vers un engagement politique. De même, ils s’engagent plus souvent dans des associations de défense de l’environnement. De leur côté, les filles s’engagent plus dans les activités du lycée (notamment les projets citoyens) et dans les associations humanitaires.

Engagement futur

Les premières différences constatées dans l’engagement actuel des lycéens se retrouvent particulièrement marquées dans les formes d’engagement envisagées à l’âge adulte. Ainsi, les filles déclarent plus souvent que les garçons qu’elles voteront, qu’elles feront du bénévolat et qu’elles pourraient participer à des actions revendicatives (signer des pétitions, participer à une manifestation, boycotter un produit…). En revanche, l’engagement politique est davantage envisagé par les garçons que par les filles lorsqu’il s’agit de se présenter aux élections, où les filles semblent nettement s’auto-censurer (25 % des garçons contre 15 % des filles). De même, les garçons sont légèrement plus nombreux à souhaiter s’exprimer sur leurs opinions politiques, notamment sur internet (38 % des garçons et 34 % des filles).