Étude de la langue et production écrite
Apprentissage de l'écriture, en lien avec l'étude de la langue, dans les manuels scolaires
Marie-Laure ELALOUF, université de Cergy-Pontoise
Panel
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Les contenus des manuels sont très variés, et les usages que font les enseignants de ces manuels sont également divers. Il est difficile à partir de l’étude des manuels d’approcher les pratiques.
- Les passerelles entre la pratique de l’écriture et l’étude de la langue existent dans certains manuels récents, mais ne sont pas toujours construites de façon à ce que les outils proposés puissent être mobilisés à bon escient.
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L’étude de la langue est généralement liée à l’analyse des textes plutôt qu’à la production. On apprend peu les constructions fréquentes.
Quelles sont les relations entre lecture et écriture pour l'apprentissage du lexique ?
Bernard LÉTÉ, université Lyon 2
À retenir
- La langue française est dite peu « consistante », c’est-à-dire qu’il y a plusieurs façons d’écrire une même syllabe prononcée et inversement. Plus un mot est consistant, plus il est facile à écrire. De l’oral vers l’écrit, 75 % des mots sont inconsistants en fin de mot.
- Un manuel de cycle 3 comporte en moyenne 7500 mots (formes orthographiques). Un élève de CM2 sait en orthographier environ 5000.
- Il faut qu’un élève soit confronté en moyenne 7 fois à un mot pour qu’il puisse le mémoriser (pas forcément l’orthographier). Pour les élèves de CE2, la fréquence de la forme orthographique compte autant que la consistance, ce qui n’est pas encore le cas pour les élèves de CP.
Comment intégrer l'enseignement du lexique dans la production écrite ?
Francis GROSSMANN, université Grenoble Alpes
À retenir
- On distingue l’apprentissage incident (par exposition) et l’apprentissage explicite (par enseignement). Les deux peuvent être combinés et il est utile de consacrer des séances au lexique.
- Ce travail du lexique peut se faire en travaillant sur les co-occurrences d’un mot, sur les reformulations, les substitutions, les expansions d’une phrase…
- Les élèves mémorisent majoritairement des constructions, c’est-à-dire des groupes de mots qui correspondent à un sens et un contexte.
Enseigner la grammaire peut-il contribuer à l'amélioration de la production écrite ?
Patrice GOURDET, université de Cergy-Pontoise
À retenir
- La finalité de la grammaire est de comprendre le fonctionnement de la langue en plus de savoir appliquer les règles : pour ce faire, les connaissances déclaratives ne sont pas suffisantes. Ce fonctionnement peut dépasser le cadre de la phrase.
- On observe peu de demandes de justifications adressées aux élèves, et de façon générale peu de réflexion sur la langue. Il n’y a pas de consensus sur les notions utiles aux élèves.
- Le rapport à la langue des enseignants mais également leur formation aux outils conceptuels et aux notions sont des leviers importants.
Peut-on intégrer l'enseignement de l'orthographe dans la production de textes ?
Linda ALLAL, université de Genève (Suisse)
À retenir
- Au début de la primaire (CE1), les élèves ont besoin d’effectuer des tâches décrochées, centrées sur des aspects spécifiques de la langue. Il est cependant possible de proposer ponctuellement des activités apprenant à gérer l’orthographe en contexte.
- Les activités où l’étude de la langue est intégrée dans une séquence de production de texte (qui permettent de faire le lien entre la règle à mobiliser et la situation de mobilisation) produisent de bons résultats à partir de la 6e. Les différences interindividuelles restent cependant importantes.
- Vers la fin de la primaire, les situations où les élèves révisent collaborativement leurs textes permettent d’augmenter le temps qui y est consacré et de doubler le nombre de corrections (87 % de ces corrections sont justes). Elles favorisent la justification des choix et l’utilisation des outils ressources.