DANS LA TÊTE DES ÉLÈVES
Quelle est la relation entre évaluation et motivation dans le cadre des apprentissages scolaires ?
Fabien Fenouillet, université Paris-Ouest Nanterre La Défense (France)
À retenir
Fabien Fenouillet s’intéresse à la relation entre évaluation et motivation dans le cadre des apprentissages scolaires.
• Les élèves qui s’engagent dans une activité scolaire peuvent poursuivre :
– Un but de performance : ils souhaitent montrer ou prouver leurs capacités, l’objectif se focalise sur l’évaluation. Des mécanismes dits d’« approche » ou d’« évitement » viennent conjointement à ce but. Dans un but de performance-approche, un élève cherche à atteindre la meilleure note possible comparativement aux autres. À l’inverse, d’autres cherchent avant tout à éviter d’échouer et de se montrer inférieurs aux autres.
– Un but d’apprentissage : ils souhaitent gagner en compétence, leur objectif est de progresser dans leurs apprentissages. Dans un but d’apprentissage-approche, les élèves cherchent à apprendre et face à l’échec, cherchent des solutions. Dans un mécanisme d’évitement, ils évitent de faire moins bien que les performances passées ou estiment qu’il n’est pas possible d’effectuer la tâche demandée.
• La conception qu’ont les élèves de la compétence a un impact prépondérant sur les objectifs qu’ils poursuivent. Certains considèrent que leur niveau d’intelligence est fixe (conception fixiste) et d’autres qu’il peut être amélioré (conception incrémentale). Les premiers ont tendance à poursuivre des objectifs de performance plutôt que d’apprentissage.
• Les élèves ne vont pas expliquer les réussites et les échecs de la même façon. Ceux qui ont une conception « incrémentale » de l’intelligence auront tendance à réagir après leurs échecs. Ceux qui ont une conception « fixiste » vont estimer qu’ils n’ont pas les capacités d’apprentissages nécessaires et auront davantage tendance à se décourager, voire à se résigner.
Quels sont les liens entre l’évaluation, la perception que les élèves ont d’eux-mêmes et leurs progrès ?
Pascal Pansu, université Grenoble Alpes (France)
À retenir
Pascal Pansu s’intéresse aux liens entre l’évaluation, la perception que les élèves ont d’eux-mêmes et leurs progrès.
• Le jugement qu’un élève porte sur sa compétence à l’école se construit et évolue au fur et à mesure de ses expériences de réussite ou d’échec scolaire, des cibles de comparaison auxquelles l’élève s’identifie, et des feedbacks des personnes importantes pour lui : parents, enseignants, pairs.
• L’évaluation qu’un élève fait de sa compétence à l’école n’est pas toujours réaliste. Elle peut être biaisée positivement, l’élève se perçoit meilleur, ou négativement, l’élève se pense moins bon qu’il ne l’est. C’est qu’on appelle le biais d’auto-évaluation de compétence scolaire : un décalage entre la performance effective de l’élève et l’évaluation qu’il en fait. Avoir une vision biaisée positivement de sa compétence protège un élève des émotions négatives et le pousse à avoir des ambitions. Un biais négatif est préjudiciable sur le plan des apprentissages et du bien-être psychologique.
• Il existe des biais spécifiques qui se focalisent sur un apprentissage particulier. Un programme de recherche sur l’examen de biais en français et en mathématiques a montré que les élèves qui se sous-estiment sont focalisés sur l’évaluation et donc sur la performance. Plus le biais d’auto-évaluation des élèves est positif, meilleur est le jugement des enseignants.