Stratégies des familles


Le Cnesco a publié un rapport scientifique sur l’ampleur des inégalités sociales à l’école. Ce rapport s’interroge sur l’impact des stratégies des familles sur les inégalités sociales.

 

L'enseignement privé peu associé à l'accroissement des inégalités

Parmi les causes expliquant la progression des inégalités sociales dans l’école, le développement de l’enseignement privé est souvent avancé.

Pourtant, l’enseignement privé semble avoir peu contribué à l’accroissement des inégalités, à la fois parce que ses effectifs (primaire et secondaire) évoluent peu et que les recherches ne montrent pas d’impact très significatif sur les résultats scolaires.

Par ailleurs, si les résultats bruts de l’enseignement privé en termes de compétences scolaires au collège ont progressé par rapport au secteur public depuis dix ans, la recherche montre que l’écart se creuse surtout par rapport au segment de l’éducation prioritaire et non par rapport aux établissements publics du secteur ordinaire. Goussé et Ledonné (Cnesco, 2016) montrent également un effet nul de l’enseignement privé sur l’aggravation des inégalités sociales à l’école entre 2000 et 2009.

Ces résultats pourraient s’expliquer par l’hétérogénéité de l’enseignement privé en France (établissements élitistes socialement et scolairement, « boîtes à bac », établissements développant des programmes en direction des élèves en difficulté, …).

Les cours privés : des effets limités

Comme dans d’autres pays de l’OCDE, les élèves français ont recours, dès le collège, à des cours particuliers. Cependant, l’enquête PISA 2012, montre que les élèves français ne sont pas les plus gros consommateurs de cours extrascolaires (aide aux devoirs, cours privés, …) parmi les pays de l’OCDE (comme le Japon, avec plus de 9 élèves sur 10).

Le suivi de ces cours extrascolaires n’est pas plus marqué socialement en France que dans la moyenne de l’OCDE. En revanche, le marqueur social est plus fort en France que dans les pays où le système scolaire lui-même est plus égalitaire (Finlande, Danemark, Islande, Suisse).

La contribution de Galinié et Heim (Cnesco, 2016) propose de se concentrer sur les cours privés de soutien scolaire. Ils montrent qu’en France, 10 % des élèves de 6e et 20 % des élèves de 3e prennent des cours privés de soutien scolaire. Cependant, le suivi de ces cours est très marqué socialement.

Les enfants de chefs d’entreprise et professions libérales sont trois fois plus nombreux à suivre des cours que ceux d’ouvriers non qualifiés.

Les études menées, tant au niveau de PISA que dans la contribution de Galinié et Heim (Cnesco, 2016), montrent qu’en France, les bénéfices des cours privés en termes d’apprentissages, complexes à identifier, semblent faibles. Ils pourraient être davantage associés – mais faiblement – à la carrière scolaire (davantage de chances d’entrer en 2nde générale et technologique par exemple à notes données) qu’à une réelle amélioration des performances scolaires, notamment celles qui mobilisent des raisonnements complexes.

Dans certains pays, prendre des cours extrascolaires est davantage associé aux performances des élèves (Japon, Corée, Australie).

Les devoirs à la maison : un impact plus significatif sur les inégalités à l'école

En France, les devoirs à la maison sont plus marqués socialement que dans les pays de l’OCDE (PISA 2012).

Or, les études montrent que le fait de faire des devoirs à la maison est corrélé positivement aux performances scolaires.

Contributions citées