PLÉNIÈRE 3 : COMMENT LES ACTIONS MENÉES AUPRÈS DES DIFFÉRENTS ACTEURS DE LA COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVE PEUVENT-ELLES FAVORISER LEUR BIEN-ÊTRE ?

Comment promouvoir le bien-être psychologique dans les écoles en adoptant une approche globale ?

Margaret Barry, université de Galway (Irlande)

À retenir

Margaret Barry expose comment les écoles/établissements scolaires constituent un cadre dans lequel il est possible de promouvoir le bien-être mental des jeunes :

La définition de la santé mentale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) remet en question la notion selon laquelle la santé mentale est simplement le contraire de la maladie mentale, et se concentre plutôt sur les dimensions positives de la santé mentale (bien-être subjectif, équilibre émotionnel, développement de compétences permettant de faire face à la vie, participer et contribuer à la société, etc.).

Trois grandes approches de promotion de la santé mentale en milieu scolaire peuvent être identifiées : 1/ une approche universelle basée sur l’enseignement de compétences à tous les élèves de la classe par le biais d’un programme scolaire (type programmes SEL – voir intervention de Melissa Schlinger) ; 2/ une approche globale de l’école/établissement scolaire : outre le programme scolaire, il s’agit de créer un contexte favorable au sein de l’école dans son ensemble ; 3/ une approche ciblée destinée aux élèves à haut risque visant à renforcer leurs capacités d’adaptation.

MindOut, un programme universel de bien-être social et émotionnel pour les jeunes âgés de 15 à 18 ans, développé en Irlande : il se compose de 13 sessions hebdomadaires pour engager les élèves dans l’apprentissage des compétences sociales et émotionnelles essentielles. MindOut est conçu pour être dispensé par les enseignants (qui sont formés). Le programme a conduit à des améliorations significatives des compétences sociales et émotionnelles des élèves. Cependant, les effets positifs du programme n’ont été constatés que lorsqu’il a été mis en œuvre de manière rigoureuse dans les établissements scolaires. Ce résultat a souligné l’importance cruciale de la qualité de la mise en œuvre du programme à l’échelle nationale.


Comment adapter les enseignements pour accroître le bien-être des élèves sud-coréens dans un contexte de forte pression scolaire ?

Bong Joo Lee, université nationale de Séoul (Corée du Sud)

À retenir

Bong Joo Lee aborde la question du bien-être des élèves coréens dans un contexte de forte pression académique tout au long de leur parcours scolaire :

L’accent est mis sur le « bien-devenir » plutôt que sur le « bien-être » : les élèves consacrent leur temps à l’acquisition de compétences considérées par les parents comme essentielles pour réussir à l’âge adulte et à des cours particuliers en dehors des heures de classe. Peu de temps est dédié aux interactions parents-enfants ou au jeu.

Le gouvernement coréen déploie divers efforts pour améliorer la santé mentale et le bien-être des enfants coréens : il a mis en place un Plan Élèves, renouvelé tous les 5 ans, qui vise à augmenter le temps de loisirs des enfants et de leurs parents et reconnaît l’importance de créer des environnements où la valeur personnelle des élèves n’est pas uniquement déterminée par leurs résultats scolaires. Des programmes tels que Happy School et Wee Project ont été mis en place afin de favoriser le bien-être des élèves et de lutter contre le harcèlement, les risques de suicide ou encore le décrochage scolaire.

Le plan Élèves prévoit aussi de modifier le programme scolaire afin d’instaurer un « système de semestre libre » : les élèves des écoles intermédiaires (collège chez nous) passent un ou deux semestres sans examens afin de profiter d’expériences d’apprentissage plus diversifiées (réalisation de projets personnels, participation à des programmes de découverte et de développement de carrière).


Comment lutter contre le harcèlement et le cyber-harcèlement à l’école ?

Annalaura Nocentini, université de Florence (Italie)

À retenir

Annalaura Nocentini présente NoTrap!, un programme italien de lutte contre le harcèlement et le cyberharcèlement :

NoTrap! est un programme, destiné aux 13-15 ans, qui vise à impliquer l’ensemble de l’établissement à différents niveaux, avec des actions ciblées sur les élèves et les enseignants : il comporte trois phases principales, chacune étant conçue pour prendre en charge des mécanismes spécifiques responsables du harcèlement et du cyberharcèlement (deux réunions de sensibilisation destinées aux élèves et aux enseignants ; la formation de pairs éducateurs ; deux ateliers organisés par les pairs éducateurs avec leurs camarades de classe).

Donner du pouvoir aux victimes et aux témoins signifie réduire le pouvoir des harceleurs : les résultats du progamme NoTrap! (2008/2009, 2010/2011, 2011-2012) suggèrent qu’un programme efficace doit fonctionner à la fois au niveau individuel et au niveau de la classe. C’est pourquoi, dans le programme, toutes les activités maintiennent la double perspective de la victime et des témoins.

Le développement du programme NoTrap! constitue un pont entre la recherche théorique et la recherche appliquée et un pas en avant sur la voie d’une coopération durable entre les chercheurs, les décideurs politiques et les praticiens : il est le fruit d’un processus croissant de collaboration entre une équipe de recherche, des écoles et la communauté éducative dans son ensemble. Il est fondé sur des résultats probants, issus de la recherche, de programmes pilotes et de la mise en œuvre d’une expérimentation à grande échelle au niveau régional (en Toscane).


Quels facteurs de bien-être des personnels de direction ? Une comparaison France-Québec.

France Gravelle, université du Québec à Montréal (Canada)

À retenir

France Gravelle évoque les problèmes de santé liés au stress et à l’épuisement au travail des personnels de direction, aussi bien au Québec qu’en France :

Travail prescrit vs travail réel, source de l’épuisement professionnel : une recherche collaborative franco-québécoise menée de 2019 à 2021 a reposé sur l’hypothèse qu’il existe un écart entre le travail prescrit et la réalité de ce qui est effectivement accompli par les personnels de direction, le travail réel. Cet écart peut conduire ces derniers à vivre un épisode d’épuisement professionnel, généré par le stress, les tensions psychologiques et la surcharge émotionnelle.

L’analyse des données de cette recherche a permis d’identifier et de comprendre les principaux facteurs contribuant à l’épuisement professionnel : 1) les marges de manœuvre dans les décisions, 2) le soutien social par les pairs, 3) la reconnaissance au travail par le supérieur immédiat, par les membres de l’équipe de travail ainsi que par les parents, 4) la charge de travail quantitative et qualitative, 5) les interruptions dans le travail, 6) le rôle dans l’organisation, 7) le développement de carrière, 8) la structure et le climat organisationnels ainsi que 9) la conciliation travail-famille.

L’épuisement professionnel conduit à divers problèmes de santé d’ordre physique et/ou psychologique rapportés par les personnels de direction. En France, comme au Québec, les symptômes se traduisent par une réduction de l’efficacité et une réflexion quant à l’idée de quitter la fonction.