Compétences sociales et émotionnelles des élèves
Zoom sur le développement de compétences sociales et émotionnelles des élèves
De nombreuses recherches travaillent sur le bien-être à l’école et proposent diverses recommandations pour améliorer la satisfaction des élèves et faire de l’école un lieu d’épanouissement personnel.
Parmi elles, on peut citer la méta-analyse de Durlak, Weissberg, Dymnicki, Taylor et Schellinger (2011) qui s’appuie sur 213 études ayant montré les effets positifs des interventions destinées à améliorer les compétences sociales et émotionnelles des élèves, de l’école élémentaire au collège. Après la mise en place d’un dispositif d’apprentissage social et émotionnel à l’école (Social Emotional Learning – SEL), les auteurs observent une amélioration des performances académiques, des effets positifs sur les compétences et attitudes sociales et émotionnelles. Ils constatent également une amélioration des comportements sociaux des élèves et une diminution des problèmes de conduite. L’ensemble de ces effets sont statistiquement significatifs six mois après l’intervention. Les résultats suggèrent que les interventions SEL peuvent être intégrées aux pratiques pédagogiques et que le degré d’efficacité est même meilleur lorsque les séances sont menées par les enseignants plutôt que par des intervenants extérieurs. Enfin, ce dispositif a des effets sur tous les niveaux de classe.
L’apprentissage social et émotionnel à l’école (Social Emotional Learning - SEL)
Objectifs d’une séance SEL
L’apprentissage social et émotionnel a pour objectif de développer chez les enfants cinq compétences :
- la conscience de soi, la capacité à reconnaître ses émotions ;
- la maîtrise de soi, la capacité à contrôler ses émotions ;
- la conscience sociale, l’empathie envers les autres ;
- la capacité à gérer les relations aux autres, apprendre à résoudre des conflits, demander de l’aider ;
- la capacité à prendre des décisions responsables, à faire des choix qui reposent sur des normes éthiques.
Organisation d’une séance SEL
Ce dispositif est mis en place de la maternelle à la fin de l’enseignement secondaire. Les séances peuvent être menées par les enseignants ou les éducateurs.
Dans le cadre d’une école maternelle par exemple, une séance SEL pourra permettre aux élèves d’identifier : la joie, la colère, la tristesse à l’aide de marionnettes. Dans une classe élémentaire, les séances pourront porter sur l’analyse des sentiments du personnage d’une histoire et inclure des travaux de groupe qui nécessitent la prise en compte du point de vue d’autrui. Dans l’enseignement secondaire, le concept de sentiment est approfondi afin de prendre conscience de la diversité des élèves. Les séances peuvent également comporter des niveaux d’apprentissage de techniques de relaxation, respiration, gestion du stress.
82 programmes SEL impliquant 97 406 élèves scolarisés de la maternelle à l’école secondaire. Celle-ci s’intéresse à la pérennité de l’impact du dispositif SEL et à l’efficacité des dispositifs SEL dans d’autres pays que les États-Unis, auprès d’élèves d’origines à la fois sociales et ethniques différentes. Les auteurs ont comparé des groupes tests à des groupes contrôles de la maternelle à la fin du secondaire. La majorité des études devaient utiliser des modèles randomisés et être fidèles aux démarches prévues par le dispositif (des pratiques séquentielles, actives, ciblées et explicites).
Le traitement statistique de ces données a montré un impact important du dispositif SEL pour cinq des sept catégories testées.
-
Les compétences sociales et émotionnelles (identification des émotions, résolution de conflit, stratégie d’adaptation, prise de décision…).
- Les attitudes envers soi-même (sentiment d’efficacité personnelle, estime de soi…).
- Les attitudes envers les autres (l’idée que les enfants se font de ce qui est bien ou non pour la société comme les comportements violents par exemple).
- La détresse émotionnelle (dépression, anxiété, stress…).
-
L’absence d’usage de drogues.
-
Les comportements sociaux positifs (coopération, effort pour aider les autres).
-
Les problèmes de comportement (renvois disciplinaires, violence, agressions…).
Les chercheurs ont observé des résultats positifs pour toutes les catégories des élèves ayant bénéficié du programme SEL. Ainsi, il n’y a pas de différence significative entre les enfants de couleur, les enfants blancs ou d’une origine ethnique minoritaire. Il n’y a pas non plus de différence entre les enfants d’ouvriers et les enfants plus favorisés. Enfin, il n’y a pas de différence significative entre les enfants américains et les enfants ayant suivi les programmes dans d’autres pays. La méta-analyse montre enfin des effets significatifs à long terme des programmes sur les différents indicateurs du bien-être et des corrélations entre les compétences sociales et émotionnelles et les différents indicateurs du bien-être.
Ils l'ont fait en France
Un programme proche des programmes SEL est proposé par l’Instance Régionale en Education et Promotion de la Santé des Pays de la Loire (IREPS). Ce dispositif a pour but de développer des compétences psychosociales chez les enfants et les jeunes. A l’initiative de certaines municipalités ainsi que de certains inspecteurs de circonscription, les enseignants, mais aussi les personnels de mairie chargés du temps périscolaire, ont reçu une formation, mettent en place des séances au sein des classes, mais également sur les temps périscolaires. Pour cette raison, le dispositif français se distingue des dispositifs SEL internationaux qui ont seulement lieu sur des temps de classe. Il présente l’avantage d’associer l’ensemble des personnels éducatifs responsables des enfants dans leur journée. Pour ce dispositif, une évaluation est en cours dont les résultats seront publiés en novembre 2017.