Alternatives au redoublement
Rapport scientifique
Dans le cadre de la conférence de consensus sur le redoublement et ses alternatives (27 et 28 janvier 2015), le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) et l’Institut Français d’Éducation (IFÉ/ENS de Lyon), ont réalisé une série de rapports, intitulée « Lutter contre les difficultés scolaires : le redoublement et ses alternatives ». Le troisième rapport propose une analyse des alternatives au redoublement mises en oeuvre dans les pays de l’OCDE.
Des dispositifs pour laisser une seconde chance aux élèves
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Le rattrapage de fin d’année
Contrairement à la France ou au Portugal, la quasi-totalité des pays européens offrent aux élèves la possibilité de passer des épreuves supplémentaires (écrites et/ou orales selon le pays) en fin d’année scolaire pour rattraper les cours pour lesquels les notes ont été jugées trop faibles par l’équipe enseignante. Ce type d’organisation limite l’incidence d’un « accident de parcours » et corrige le caractère aléatoire de certaines évaluations.
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La promotion conditionnelle
Un nombre plus limité de pays (Espagne, Autriche, Allemagne,…) a mis en place une stratégie de promotion conditionnelle qui permet à un élève de passer dans la classe supérieure en contrepartie du suivi d’un programme de rattrapage dans la matière pour laquelle ses résultats ont été considérés comme insuffisants.
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Les écoles d’été
Les écoles d’été permettent aux élèves ayant quelques faiblesses de rattraper leurs lacunes pendant les vacances d’été et de passer un examen en septembre afin de pouvoir être promus. En Italie, par exemple, ce type de programme est devenu obligatoire, à partir de 2007, pour les élèves ayant de mauvais résultats.
Il existe une littérature scientifique abondante mesurant l’effet de tels programmes sur les performances des élèves. Elle identifie des effets positifs importants sur la performance des élèves. Ces écoles sont particulièrement efficaces lorsqu’elles accueillent, au début du primaire, les enfants ayant des difficultés dans l’apprentissage de la lecture. Elles apparaissent crédibles pour limiter le redoublement non seulement en permettant aux élèves en difficulté de rattraper leur retard durant l’été, mais aussi en prévenant le développement d’inégalités scolaires lorsque ces dispositifs sont mis en place tôt dans la scolarité.
Des organisations de la classe moins favorables au redoublement
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L’organisation pluriannuelle des programmes scolaires (cycles scolaires)
La plupart des systèmes scolaires fonctionnent (ou fonctionnaient) sur une base de programmation annuelle où des évaluations fréquentes sanctionnent les acquis de l’année et conduisent à la promotion des élèves dans le niveau supérieur ou, au contraire, à leur maintien. Cette organisation conduit généralement à des changements de l’équipe enseignante et des modifications de la composition des classes qui peuvent, tous deux, avoir des effets sur les performances des élèves. Par ailleurs, les écarts de développement entre les enfants, en raison notamment de leur date de naissance, sont sanctionnés par les évaluations fréquentes, ce qui conduit de nombreux élèves nés en fin d’année à être retenus. Des modifications de cette organisation peuvent ainsi limiter le recours au redoublement.
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Des classes à effectifs réduits pour les élèves défavorisés
Les classes à effectifs réduits peuvent permettre aux enseignants de modifier leur pédagogie en consacrant davantage de temps et d’attention à chaque élève. La probabilité d’avoir des élèves perturbateurs dans une classe est également plus faible lorsque le nombre d’élèves est réduit.
Jusqu’aux années 2000, la littérature était peu concluante sur l’effet de la taille des classes. Mais de nouvelles méthodes statistiques, plus robustes, aboutissent aujourd’hui à des résultats unanimes :
– la diminution de la taille des classes améliore, au moins à court terme, les performances des élèves en moyenne ;
– les effets sont beaucoup plus forts chez les élèves présentant des difficultés scolaires, chez les élèves issus de minorités ethniques ou de milieux sociaux défavorisés ;
– les bénéfices de classes à effectifs réduits sont particulièrement élevés en primaire, voire en maternelle, et beaucoup plus modeste plus tard dans la scolarité ;
– cette mesure doit être concentrée sur les élèves socialement défavorisés en raison de son coût élevé.
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Looping : quand l’enseignant suit ses élèves plusieurs années
La pratique du looping, qui consiste, pour une même classe, à conserver le même enseignant pendant plusieurs années, apparaît comme une pratique efficace pour intégrer les différences individuelles d’apprentissage et de développement dans la pédagogie des enseignants.
Des actions visant à prévenir l’échec scolaire
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Tutorat et soutien scolaire
La prévention du redoublement peut aussi passer par des activités de soutien exercées en dehors du temps scolaire ou dans la classe. En effet, plusieurs recherches indiquent que les activités de soutien scolaire gratuit intervenant en complément des cours habituels semblent être de bonnes alternatives pour améliorer les performances des élèves et donc réduire le risque de redoubler. À défaut, ces activités peuvent également être employées pour tenter de rendre plus efficace le redoublement lorsque celui-ci est malgré tout décidé. L’utilisation d’assistants ou d’enseignants supplémentaires est également une possibilité mais la littérature scientifique évaluant ce type de dispositif n’est pas complètement convergente.
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Les interventions dès la maternelle pour limiter le redoublement au primaire
Des programmes de soutien précoce peuvent être mis en place dès la maternelle afin de prévenir les risques de redoublement et de s’assurer de l’acquisition des compétences et connaissances de base en lecture et en écriture pour pouvoir suivre dans la classe supérieure. L’étude de Smith et al. (2003), entre autres, montre que le programme Bright Beginnings en Caroline du Nord permet de mieux préparer les enfants à l’entrée à l’école élémentaire, d’augmenter leurs performances en lecture et mathématiques et de réduire le taux de redoublement.
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La prévention de l’échec scolaire : suivi individualisé et apprentissage coopératif
La prévention de l’échec scolaire s’appuie sur un suivi individualisé des élèves (avec notamment des pédagogies différenciées développées en intra, ou en inter-classes, déconstruisant le groupe-classe, comme en Finlande ou en Angleterre). Des classes de niveaux scolaires hétérogènes permettent également l’enseignement coopératif et le tutorat entre pairs comme au Japon dans l’enseignement obligatoire. Les relations avec les parents sont particulièrement développées. Ces organisations scolaires sont associées à des performances scolaires de haut niveau dans PISA tant en termes d’efficacité que d’équité scolaires.