ÉTAT DES LIEUX/DIAGNOSTIC

Enseignement des mathématiques à l’école primaire sénégalaise : quelles évolutions et quelles orientations des politiques publiques éducatives ?

Aissatou Léna Sène et Moussa Fall, Inspection générale de l’Éducation et la Formation (Sénégal)

À retenir

Aissatou Léna Sène et Moussa Fall présentent les principales évolutions et orientations des politiques publiques éducatives concernant l’enseignement des mathématiques au primaire au Sénégal.

  • Depuis l’indépendance du pays, l’enseignement des mathématiques a connu trois grandes périodes. L’approche par les contenus (années 1960 – années 1980) a d’abord prévalu, puis a été remplacée par l’approche par objectifs (années 1990 – années 2000) ; depuis les années 2000, l’approche par compétences est en vigueur.
  • Au cours des dernières décennies, le Sénégal a fait de l’enseignement et de l’apprentissage des mathématiques une priorité. Cette préoccupation se traduit notamment par :
    • Des textes législatifs : la loi d’orientation de l’Éducation nationale assigne à l’enseignement primaire l’objectif de « faire acquérir à l’enfant la maîtrise des éléments de base de la pensée logique et mathématique ».
    • Des instructions officielles : le Curriculum de l’éducation de base fait des mathématiques l’un des quatre domaines fondamentaux de l’enseignement primaire.
    • Des stratégies et programmes nationaux : décision présidentielle de réorientation du système éducatif vers les sciences et les mathématiques (2014), Projet de renforcement de l’enseignement des mathématiques, des sciences et de la technologie (2007 – 2015), Projet d’amélioration des apprentissages en mathématiques à l’élémentaire (depuis 2015), etc.
  • En dépit de cette attention portée à l’enseignement et à l’apprentissage des mathématiques, les acquis des enfants sénégalais dans cette discipline restent en-deçà des attentes. Parmi les pistes explicatives envisagées, on compte entre autres les programmes surchargés, le manque de ressources pédagogiques, les stéréotypes envers les mathématiques et le manque de compréhension du français (langue d’enseignement).

Présentation de résultats choisis de PASEC2019 : bilan sénégalais et élargissement à une comparaison internationale

À retenir

Hilaire Hounkpodoté présente un bilan de l’édition 2019 du Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la Confemen (PASEC).

  • Le PASEC, créé en 1991, évalue les acquis des élèves dans une perspective d’aide au pilotage des systèmes éducatifs et d’orientation des politiques éducatives. Les évaluations, réalisées tous les cinq ans depuis 2014, portent principalement sur les connaissances et les compétences en mathématiques et en langue de scolarisation des élèves de début et de fin de scolarité primaire.
  • En 2019, 14 pays d’Afrique subsaharienne francophone, dont le Sénégal, ont participé au PASEC. La proportion d’élèves sénégalais disposant des prérequis mathématiques nécessaires à la poursuite de leur scolarité dans de bonnes conditions est supérieure à la moyenne internationale, que ce soit en début (79 % vs 71 %) ou en fin (65 % vs 38 %) de scolarité primaire. Ces bonnes performances ne doivent toutefois pas masquer les réelles difficultés rencontrées par les élèves sénégalais : par exemple, 35 % des élèves de fin de scolarité primaire ne parviennent pas à calculer avec des nombres décimaux.
  • Le PASEC2019 a également évalué les connaissances disciplinaires et didactiques des enseignants. Le Sénégal fait partie des pays où les enseignants du primaire sont les plus compétents en mathématiques : 52 % d’entre eux témoignent d’une compréhension approfondie des concepts mathématiques (moyenne internationale : 32 %). Ces bonnes performances disciplinaires s’accompagnent de bonnes performances didactiques : après le Togo et le Burkina Faso, le Sénégal est le pays où les enseignants parviennent le mieux à choisir des situations d’apprentissage adaptées et à analyser des démarches d’élèves.

Présentation de l’étude sur les outils pour l’enseignement : les manuels scolaires de mathématiques à l'école élémentaire au Sénégal - méthodologie et résultats

Nadine Grapin, université Paris-Est Créteil (France)

À retenir

Nadine Grapin présente une étude didactique inédite d’une collection complète de manuels scolaires de mathématiques destinés à l’école élémentaire au Sénégal. Cette recherche, menée en collaboration avec Éric Mounier et Maryvonne Priolet, a permis le développement d’une méthodologie d’analyse originale et transférable à d’autres manuels scolaires.

  • Des analyses aux échelles globales et locales (techniques opératoires aux CP et CE1 ; nombres décimaux aux CE2, CM1 et CM2 ; résolution de problèmes au CM2) montrent que le dispositif didactique est généralement identique dans tous les niveaux scolaires : une recherche à partir d’une situation-problème (problème – « Je découvre » / « Je réfléchis ») entraîne une mise en forme du savoir (compréhension – « Je retiens ») puis aboutit à la résolution d’exercices (application – « J’agis »).
  • Les manuels et les guides pédagogiques sont globalement conformes au Curriculum de l’éducation de base. En témoignent par exemple les plages spécifiquement dédiées à l’évaluation et aux « situations d’intégration », caractéristiques de l’approche par compétences prescrite par les instructions officielles.
  • Plusieurs éléments semblent laissés à la charge de l’enseignant, lui offrant ainsi une certaine liberté pédagogique. C’est par exemple le cas pour les nombres décimaux : le guide de l’enseignant propose une variété de représentations (dont la droite numérique) qui ne sont pas proposées dans les manuels. L’enseignant peut donc, s’il le souhaite, introduire ces différentes représentations complémentaires aux élèves.