QUESTIONS D’ENSEIGNEMENT – REMÉDIATION ET ÉLÈVES EN DIFFICULTÉ

Comment l’implication des communautés contribue-t-elle à la réussite des politiques et dispositifs de remédiation ?

Rokhaya Cissé et Binta Rassouloula Aw Sall, université Cheikh Anta Diop (Sénégal)

À retenir

En s’appuyant sur l’exemple du Programme de remédiation à l’élémentaire (PRE), Rokhaya Cissé et Binta Rassouloula Aw Sall s’intéressent à la façon dont l’implication des communautés peut contribuer à la réussite des politiques et dispositifs de remédiation.

  • Le Programme de remédiation à l’élémentaire (PRE), déployé entre 2017 et 2019, a bénéficié à plus de 42 000 élèves dans les régions de Kaffrine, de Kolda et de Matam. Les enseignants des écoles concernées ont été encouragés à entreprendre des activités de remédiation systématique, assistés pour cela de remédiateurs communautaires (membres de la communauté choisis pour leurs qualités intellectuelles d’écoute des enfants, puis formés à la remédiation).
  • Le PRE est centré autour de deux innovations principales. D’une part, la personnalisation des contenus consiste à mobiliser des exemples issus de la vie quotidienne des élèves. D’autre part, l’intégration du numérique permet à la fois l’usage de nouvelles méthodes pédagogiques et le suivi des progrès des élèves (répartis en groupes de besoin en fonction de leurs résultats à des évaluations régulières).
  • Les actions coordonnées de remédiation menées dans le cadre du PRE ont entre autres permis :
    • Sur le plan quantitatif, une amélioration significative des performances des élèves de tous les niveaux de la scolarité primaire ;
    • Sur le plan qualitatif, la mise en œuvre de nouvelles pratiques chez les enseignants (recours au jeu, planification des apprentissages à partir des erreurs des élèves, etc.), le développement de nouveaux partenariats (entre administration centrale et collectivités territoriales par exemple) et la favorisation de l’implication parentale (suivi des apprentissages des enfants, rencontres régulières avec les enseignants).

Quelles conditions pour faciliter un enseignement favorisant la compréhension en mathématiques dansdes classes du primaire à effectifs élevés ?

Laurent Theis, université de Sherbrooke (Canada)

À retenir

En se fondant sur une recherche collaborative qu’il a lui-même menée avec des enseignants togolais, Laurent Theis s’interroge sur les conditions pouvant favoriser la compréhension des élèves en mathématiques dans des classes à effectifs élevés.

  • Au Togo, les modèles de planification des séances de mathématiques se fondent sur l’approche par compétences (travail en équipes, recours au matériel de manipulation, présentation par les élèves de leurs stratégies) et l’enseignement est surtout axé sur l’apprentissage de formules. Un tel enseignement est toutefois peu efficace car, sans compréhension conceptuelle, les élèves risquent d’appliquer de façon erronée les formules apprises.
  • Quelques modifications ont été apportées au déroulement habituel d’une séance de mathématiques pour favoriser la compréhension des élèves : anticipation des stratégies possibles des élèves pour mieux réagir à la diversité de celles-ci, consigne de trouver des façons de faire différentes (et pas d’appliquer une formule), reformulation des propos des élèves afin qu’ils soient clairs et audibles pour toute la classe, etc.
  • La diversité des stratégies de résolution des élèves et leur exploitation par les enseignants (discussions en classe) permettent de supposer que les modifications apportées ont effectivement favorisé la compréhension des élèves. Parmi les conditions de réussite de cette expérience, le cadre général de la recherche collaborative (présence d’un espace dans lequel il était possible d’expérimenter) et le maintien du caractère familier des situations de classe (déroulement, gestion de classe) ont été déterminants.