Les recommandations phares du jury

La Confemen et le Cnesco ont sélectionné une quinzaine de membres du jury (enseignants, directeurs, inspecteurs, formateurs, parents d’élèves, représentant de collectivités territoriales, etc.). Les membres du jury ont été assistés par deux co-présidents (Andrée-Marie Bonané Diagne, université Cheikh Anta Diop et Éric Roditi, université Paris Cité) et ont bénéficié de deux sessions de formation : la première a eu lieu les 10 et 11 octobre 2023 et la seconde le 4 décembre 2023.


Des recommandations du jury pour améliorer l’enseignement et l’apprentissage des mathématiques au primaire au Sénégal

Les recommandations produites par le jury de la conférence de consensus s’appuient sur un diagnostic national et international produit par le Cnesco et sur les travaux des experts sollicités dans le cadre de cette conférence. Le jury s’est concentré principalement sur les aspects suivants :

L’accès à la préscolarisation et la scolarisation

• Les représentations sociales des mathématiques et de la compétence en mathématiques

• Les programmes scolaires et les ressources

• Les pratiques pédagogiques

• Le recrutement et la formation des enseignants

• La remédiation

• Les langues et le multilinguisme


  • Développer des services permettant aux élèves de se mouvoir dans un cadre conforme aux normes, épanouissant et attrayant – susceptible de favoriser une éducation de qualité.
  • Dans un souci d’inclusion et d’équité, garantir un environnement pédagogique (infrastructures, équipements) accessible à tous les élèves, y compris ceux en situation de handicap (rampes et logiciels adaptés par exemple).
  • Promouvoir l’inclusion et l’équité pour offrir des opportunités égales d’apprentissage pour tous les élèves, indépendamment de leur milieu socio-économique et de leur origine socioculturelle.
  • Considérer que l’apprentissage des mathématiques est de l’ordre du possible et accessible à tous les élèves, quels que soient leur sexe, leur origine sociale, leur langue maternelle, leur culture, etc.
  • Donner aux filles comme aux garçons l’opportunité d’étudier les mathématiques, jusqu’à un niveau avancé et quelles que soient leur origine et leur culture.
  • Garantir la réalisation uniforme du quantum horaire national en mathématiques à l’école primaire dans toutes les régions du Sénégal, en zones urbaines comme rurales, dans le public comme dans le privé.
  • Réviser les programmes scolaires pour y intégrer un enseignement relatif aux activités mathématiques inscrites dans les diverses cultures locales. Articuler l’enseignement des mathématiques aux pratiques mathématiques du présent et de l’avenir comme à celles développées au quotidien s’avère nécessaire pour un continuum cohérent, une mise en œuvre adéquate des enseignements-apprentissages et une réussite des élèves en mathématiques.
  • Veiller à ce que les contenus enseignés soient inclusifs et respectueux de la culture sénégalaise. Les ressources (manuels scolaires, guides pédagogiques, etc.) doivent, autant que possible, proposer des situations mathématiques enracinées dans des contextes socio-culturels propres au Sénégal : arts et sciences, histoire, littérature, jeux traditionnels (yoté, awalé, etc.), techniques professionnelles locales (construction de perpendiculaires dans le bâtiment par exemple), etc.
  • Tenir compte du concret, de la réalité quotidienne de l’enfant dans les enseignements de mathématiques. L’enseignement doit commencer par des observations et des manipulations, qui conduiront à des discussions et représentations pour aller vers l’abstraction des objets mathématiques. Il convient également, dans les premiers enseignements, de partir de situations vécues – par les élèves à la maison ou dans leurs pratiques quotidiennes – pour installer des acquisitions.
  • Ne pas se limiter aux représentations concrètes et favoriser la conceptualisation mathématique (objets abstraits, symboles et méthodes logico-déductives). Il est nécessaire de veiller à ne pas se contenter de faire travailler les élèves sur des représentations concrètes : en fonction de leur âge, il faut ensuite les guider vers une conceptualisation des notions mathématiques en jeu, qui sont des notions abstraites.
  • Introduire dans la pré-sélection (aux côtés de la dictée) une épreuve de mathématiques avec une note éliminatoire.
  • Rendre déterminante l’épreuve de mathématiques à l’issue de la pré-sélection. Élargir le champ des mathématiques évaluées et augmenter le coefficient de la note à l’épreuve de mathématiques permettra de recruter des élèves-maîtres qui deviendront aptes à enseigner cette discipline.
  • Harmoniser la formation des élèves-maîtres à l’intérieur du pays. Garantir un enseignement de qualité dans tout le Sénégal repose sur une harmonisation, au niveau national, des programmes de formation initiale des Centres régionaux de formation des personnels de l’éducation (CRFPE). Ces programmes doivent développer précisément les contenus de formation, notamment les connaissances et compétences attendues pour les élèves-maîtres.
  • Former des maîtres qui préparent les élèves à répondre aux standards internationaux. Le référentiel de formation initiale des élèves-maîtres doit donner plus de poids aux mathématiques dans la formation et dans les épreuves d’évaluation en cours de formation.
  • Diversifier, renforcer et généraliser les dispositifs de développement professionnel. L’ensemble des dispositifs (ateliers, séminaires, etc.) doit évaluer et prendre en charge les besoins spécifiques des enseignants qui sont variables suivant leurs caractéristiques personnelles, professionnelles et de contexte d’enseignement.
  • Flexibiliser les programmes de formation continue, notamment en mathématiques, en fonction des besoins des enseignants et des évolutions éducatives. Les programmes de formation continue doivent pouvoir varier en fonction des besoins identifiés dans le système éducatif et permettre aux enseignants de trouver des réponses à leurs besoins qui évoluent avec la société et de rester informés des nouvelles recherches en éducation.
  • Former les enseignants à l’évaluation et à la remédiation en mathématiques. Pour que l’enseignement soit adapté aux besoins des élèves, les enseignants doivent identifier précisément ces besoins ; ils recourent pour cela à différentes formes d’évaluation. Les informations qu’ils recueillent via ces évaluations les conduisent à effectuer des inférences sur les acquis des élèves et à concevoir des dispositifs de remédiation pour améliorer leurs apprentissages.
  • Définir les modalités et les contenus abordés avec les élèves lors de la remédiation en mathématiques, tout en précisant les indicateurs d’évaluation. La définition de modalités de remédiation flexibles (fréquence, durée, effectif, élèves concernés, etc.) aiderait à mettre en place tous les réajustements nécessaires pour les élèves. Ces remédiations doivent aussi porter sur les contenus mathématiques précis dont les élèves concernés ont besoin ; des évaluations adaptées doivent permettre de cibler ces contenus et de rendre compte des progrès réalisés comme des besoins auxquels il est encore nécessaire de répondre.
  • Harmoniser les dispositifs de remédiation et les interventions des différents acteurs impliqués (enseignants, remédiateurs, parents, communautés) pour éviter tout cloisonnement des apprentissages.
  • Favoriser la portée internationale de l’enseignement et permettre la poursuite d’études par l’usage de plusieurs langues. Un enseignement bilingue (langues nationales et français ou anglais) facilite en effet la conceptualisation mathématique par les élèves et le développement de leurs compétences.
  • Mettre en place des activités qui permettent aux élèves de transférer leurs connaissances mathématiques de leur langue première vers la langue de scolarisation et inversement. L’acquisition et l’expression de connaissances en mathématiques dans les deux langues (première et de scolarisation) peuvent être facilitées par différents moyens :
    • Créer des listes de vocabulaire mathématique dans les deux langues ;
    • Mettre en place des activités de traduction croisée ;
    • Utiliser les deux langues pour les activités métacognitives : encourager les élèves à réfléchir dans deux langues sur leur propre processus de résolution de problèmes, sur leur manière de penser, d’argumenter et d’apprendre en mathématiques, etc. ;
    • Mettre l’accent sur le développement de la compréhension conceptuelle plutôt que sur la seule traduction des termes.